Il était deux fois… Une Galette sans Gluten !


Informations générales

Date d’écriture : 2015

Auteur : Emeric Bellamoli

N°dépôt SACD : 000602539

Première représentation : Vendredi 6 Mai 2016, avec la Cie Le Point Du Jour, à l’espace Nino Ferrer de Dammarie Les Lys

Durée : 1h10

Genre : Comédie, Conte, Tout Public

Mots Clés : Conte, Chamaillerie, Coulisses du Théâtre, Parodie

Nombre de personnages : 7 personnages : 3 Hommes / 4 Femmes

Résumé : Une troupe amateure décide de monter « Le Petit Chaperon Rouge » dans une version alternative. Mais les égos de chacun et les imprévus vont vite prendre le dessus. Découvrez cette catastrophe artistique via deux points de vue : la scène et les coulisses !

Jouer la Pièce :

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Un extrait ?

Côté loges :
(Anaïs, Isabelle et Julie sont dans les loges. Anaïs range ses affaires, Isabelle est assise
occupée avec son téléphone et Julie regarde vers la scène)

Anaïs : Alors ? Ça donne quoi ?
Julie : Ben y a personne dans la salle.
Anaïs : Et merde…
Julie : En même temps, plus personne n’a envie de sortir maintenant, et encore moins
pour aller au spectacle.
Anaïs : C’est clair, déjà que le théâtre c’est chiant, si en plus maintenant y a des tarés qui
viennent y foutre le bordel.
Julie : Le théâtre c’est chiant ?
Anaïs : Mais non, enfin pour le public en général ça l’est. Mais là, ce n’est pas en leur
présentant un conte que ça va arranger les choses.
Julie : Une réécriture d’un conte, ce n’est pas pareil.
Anaïs : Ouais si tu veux, de toute façon, je m’en fous, ce n’était pas mon idée. Et ça
n’empêche pas que les gens vont quand même trouver ça chiant.
Julie : En même temps, y a personne, on ne risque pas d’emmerder grand monde…
(Isabelle sur son téléphone, pas encore préparée)
Julie (à Isabelle) : Eh, c’est comme ça que tu te prépares, toi ?
Anaïs : C’est vrai, tu me stresses là avec ton téléphone ; habille-toi, maquille-toi au
moins !
Isabelle : Ça va, je ne rentre pas tout de suite. Et puis franchement, si tu crois que je suis
impatiente de jouer les vieilles.
Julie : En même temps, tu voulais qu’on mette qui pour le rôle ?
Isabelle : Je ne sais pas, c’est une réécriture plus ou moins moderne, non ? On aurait
peut-être pu innover pour une fois ?
Anaïs : J’avoue là au moins ç’aurait pu être drôle, genre que la vieille soit jouée par une
jeune, ou par un mec carrément.
Julie : Pas sûr que le public aurait compris…
Isabelle : Non, mais les gens ne sont pas débiles, tu sais ? Ils auraient vu que c’était un
délire, pour rigoler, un peu. Non, de toute façon, ça fait 15 ans que je suis dans la troupe,
et ça fait 10 ans que dès qu’il y a un rôle de vieille, c’est pour ma pomme.
Anaïs : Enfin tu sais, les clichés, ça vaut pour tout le monde.
Julie : C’est vrai, si tu as besoin d’un personnage un peu con con, tu peux être sûre que
ça va me tomber dessus. Souviens-toi de la fée caca… Et puis estime-toi heureuse, au
moins tu as un rôle exclusivement pour toi. Moi, ça fait deux ans de suite que je me
retrouve à partager mon rôle, ça me gave.
Anaïs : Tu veux qu’on parle du mien ? J’ai une scène au début et après ciao, super. Le
rôle de la mère, en plus, tout le monde s’en fout !
Julie : J’avoue… Non mais ce que je trouve abusé c’est pour Antoine. C’est le seul black
de la troupe et il faut qu’il joue le rôle du loup ; franchement c’est pas du foutage de gueule
ça ?
Anaïs : On va passer pour des gros racistes…
Isabelle : Rappelez-moi pourquoi on joue cette pièce au fait ?
Julie : Parce que l’autre parlait d’un sujet trop sensible.
Anaïs : De toute façon, on n’a plus le droit de parler de rien sur scène. Du coup, on fait
une pièce de merde.
Isabelle : C’est vrai…
Julie : Ouais…
(silence)
Anaïs : C’est bon, ils ont fini, c’est à moi.
Julie : Amuse-toi bien !
Anaïs : T’as raison ouais… (elle sort/elle entre sur scène)
(arrivent Loïc, Antoine et Pascal)
Julie : Alors ça a été ?
Pascal : Oh l’ambiance pourrie ! J’ai même essayé de faire des blagues mais c’est tombé
à plat.
Antoine : C’est clair, pas une réaction, pas un rire, rien !
Loïc (à Antoine) : Oh si quand même, ils se sont bien marrés quand ils t’ont vu.
Antoine : Ouais, ils se sont marrés parce qu’ils se foutaient de ma gueule.
Pascal : Mais, t’es très bien comme ça.
Antoine : Tu parles, j’ai l’air d’être habillé pour une soirée sado-maso zoophile.
Loïc : Pas faux…
Pascal : Au fait ! Vous avez vu le costume d’Alice ? C’est peut-être un peu too much non ?
Loïc : Ah moi j’aime bien.
Antoine : Moi aussi.
Isabelle (à Pascal) : Non, je suis d’accord avec Pascal, on dirait une pute.
Julie : C’est clair, et après c’est moi qui doit le mettre ce costume, la honte.
Loïc : Ça va, c’est une réécriture. C’est pour déconner.
Julie : Ah ouais ? Ben moi ça me fait pas rire, ça te fait rire Isabelle ?
Isabelle : Non, pas vraiment.
Julie : Vous voulez que je vous rappelle l’histoire du petit Chaperon rouge ? C’est juste
l’histoire d’une pauvre gamine qui se fait violer par un gros porc.
Antoine : Ah ouais ? Je n’ai pas lu le même bouquin alors…
Loïc : C’est vrai, je pensais qu’elle se faisait juste bouffer par un loup moi ?
Isabelle : Ah ouais… Vous n’avez rien compris au sens du texte en fait…
Julie : Laisse tomber…
Loïc : Eh oh ! Nous prends pas pour des abrutis non plus, ce n’est pas parce qu’on n’a
pas comprit les mêmes choses que toi qu’il faut nous prendre de haut.
Julie : Occupe-toi de savoir ton texte toi déjà.
Isabelle : Et ne bousille pas le décor cette fois, ce sera pas mal.
Loïc : Mais quel décor ? De quoi tu me parles ?! On a quatre pauvres cartons pour
symboliser la forêt et la maison !
Antoine : C’est ma femme qui les a fait ces cartons, un peu de respect s’il te plaît !
Isabelle : C’est sûr, elle fout rien de ses journées !
Antoine : Mais va te faire foutre, grognasse ! Elle n’a eu que trois semaines pour
construire tout ça ! La prochaine fois tu n’auras qu’à le faire toi-même ! Vu que t’es toute
seule chez toi avec tes chats, ça te fera une occupation !
(elle le gifle, ils commencent à s’empoigner)
Pascal : Les costumes ! Faites gaffe aux costumes !!
(Alice apparaît furtivement dans les loges)
Alice : Oh ! Vous allez la fermer, on entend tout sur scène et le public aussi ! (elle sort)
[…]


Passons maintenant à la version scène …
Côté scène :
(sur scène Pascal face public, Alice, Loïc et Antoine de dos)
Pascal : Bonsoir cher public. Merci à vous d’être venus si… nombreux ce soir ! La troupe
« La Tombée de La nuit » est fière de vous présenter sa toute nouvelle création « Le
Remix Chaperon Rouge
» ! Comme vous vous en doutez, il s’agit d’une réécriture qui
mêle humour et réflexion, qui joue avec les travers de notre société pour mieux mettre en
avant toute la substantifique moelle de l’œuvre d’origine, afin de mieux capter les thèmes
de l’époque encore bien présents aujourd’hui… Bref, en gros, on va bien se marrer ! (un
temps)
Voilà… Laissez moi vous présenter les quelques protagonistes qui vont vous faire
vivre cette histoire rocambolesque. Nous avons, bien entendu, le Petit Chaperon Rouge !
(Alice se retourne avec un grand sourire)
Alice : Bonjour ! Je suis une jeune fille vierge, pure et innocente, élevée dans une famille
monoparentale car mes parents se sont séparés, alors que je n’étais encore qu’un tout
petit bébé, après que mon père ait découvert son attirance profonde pour les personnes
de la gent masculine. Je ne lui en veux pas et je respecte cela, j’aime mes parents de la
même manière, c’est pourquoi, chaque année, à Noël, nous dînons tous ensemble autour
d’une même table avec ma mère, mon père et son ami José.
Pascal : Une famille formidable ! Comme à la télé hein ?
(un temps)
Alice : Moi, j’aime les garçons, mais je ne suis pas une fille facile, même si les
apparences semblent prouver le contraire, car je prends soin de mon corps et de mon
style vestimentaire à l’aide des conseils avisés de magasines culturels pour filles de mon
âge. J’attends le grand amour qui saura faire de moi une vraie femme épanouie et
heureuse.
Pascal : Et il y a fort à parier que les quelques hommes, ici présents, ne resteront pas
insensibles à ton charme belle enfant ! (un temps) Bref ! Passons maintenant à celui que
vous attendez tous… Le terrible… Le séduisant… Le manipulateur… J’ai nommé… Le
Loup !!
(Antoine se retourne)
Antoine : Haha ! Je suis Le Loup ! Prenez garde… Je suis l’ombre qui avance dans la
nuit… Votre obscurantisme me fait avancer doucement mais sûrement… Rien ne pourra
m’arrêter ! Mon appétit est sans limite ! Je séduis toutes celles et ceux qui passent devant
moi, pour mieux les croquer par la suite ! Mensonges, promesses ou aliénation, tous les
moyens sont bons !
Pascal : Ouuuuh ! Quel être terrifiant ! Mieux vaut ne pas s’y frotter, on risquerait de s’y
piquer… Et maintenant, notre sauveur, celui sur qui on peut toujours compter, même les
yeux fermés. Il est grand, il est beau, il est fort, c’est notre Chasseur !
(Loïc se retourne)
Loïc : Bonjour, moi le chasseur, je suis un être pacifique, autant que faire se peut. Je
déteste la violence, mais je peux tuer selon les circonstances. Je suis en connexion avec
la nature, la forêt n’a aucun secret pour moi, les animaux sont mes amis, ma famille et ma
nourriture. J’aime mon prochain, en espérant qu’il m’aime en retour. Je suis prêt à aider, je
n’attends rien de vous, mais si vous insistez pour un dédommagement, je suis pour. Oui,
je suis un être complexe…
Pascal : Ne sont-ils pas surprenants?! Maintenant que vous les connaissez un peu mieux,
commençons notre histoire, rendons-nous chez le Petit Chaperon Rouge, plus
précisément chez sa mère… C’est parti pour « Le Remix Chaperon Rouge » !!
(Pascal, Antoine et Loïc partent en coulisses. Anaïs entre sur scène)
Anaïs : Chaperon ! Chaperon ! Laisse ton téléphone cellulaire portatif et vient me rejoindre
dans la cuisine.
Alice : Un petit instant mère. Je termine mon short message service, et je suis à toi.
Anaïs : Ah les enfants et la technologie… J’espère que tu n’écris pas à ton ami le Petit
Poucet ? Tu sais que je n’aime pas que tu traînes avec ce garçon, il s’attire toujours des
ennuis.
Alice : Non mère, nous avons rompu. Sa situation devenait trop compliquée et instable à
cause de ses parents.
Anaïs : Bien ! J’espère que lui et toi n’avez pas succombé aux sirènes de la débauche
luxuriante ?
Alice : Oh non maman ! Tu sais bien que je suis une jeune fille vierge, pure et innocente.
Anaïs : Comme je suis fière de toi ! Mais souviens toi, si jamais cela arrive…
Alice (elle sort un préservatif) : J’utilise ce petit étui mince, souple imperméable en
polyuréthane.
Anaïs : Tu es une bonne fille ! Puis-je te demander un service ?
Alice : Tout ce que tu veux maman.
Anaïs : Veux-tu bien porter cette galette sans sucre, sans beurre, sans pâte, sans fruits et
sans gluten à ta mère-grand ?
Alice : Avec plaisir maman ! Souhaites-tu que je lui apporte également son traitement
contre le diabète et le cholestérol ?
Anaïs : Tu penses toujours à tout.
Alice : En tout cas, je suis contente que mère-grand se prenne enfin en main, toute seule,
je suis fière d’elle ! Sans compter que l’état lui a supprimé ses allocs !
Anaïs : Enfoiré de gouvernement !
Alice : Maman !
Anaïs : Heu… Je veux dire, les saligots !
(on entend des cris dans les coulisses, Anaïs par peur fait tomber le plat qui se casse. Un
temps. Elle se regardent, ne savent pas quoi faire. Puis elles improvisent)

Alice : Olala ces voisins dis donc !
Anaïs : Oui ! Ils sont bruyants ! Insupportables !
(ça continue de crier en coulisses)
Alice : Mère, si tu le permets, je vais aller leur parler !
Anaïs : Mais bien sûr mon enfant ! Tu as raison !
(Alice sort, on entend : « Oh ! Vous allez la fermer, on entend tout sur scène et le public
aussi ! » elle revient)

Alice : C’est bon, je crois qu’ils ont compris !
[…]

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